Après l’horreur, après le dénouement, les inévitables analyses !
D’abord cette fierté d’être dans un pays, la France, où l’efficacité policière n’a pas eu besoin d’attenter aux libertés individuelles pour réussir, ni de transgresser les règles pour imposer la loi.
Je regrette d’autant plus ces propos mal venus sur le thème « si nous n’avions pas été si laxistes, cette horreur n’aurait pas eu lieu » ! Laxiste envers qui ? Qui faudrait-il ficher, suivre, interroger (plus peut-être), pour tenter de cerner ces tueurs imprévisibles qui, pour des causes aussi diverses qu’incompréhensibles, tentent en Norvège, à Londres, à Madrid ou aux Etats-Unis de justifier l’abominable par un simulacre de raisonnement, une piteuse logorrhée accusatoire.
Ce n’est pas seulement parce qu’ils sont plus proches que ces assassinats nous bouleversent, c’est aussi parce que ce tueur, sans âme ni remords, est un des nôtres. Il a bénéficié de nos écoles (avec peu de succès semble-t-il), de notre système judiciaire, qui a sanctionné certaines de ses fautes, de notre système social qui lui a donné les moyens de vivre, de se former pour lui donner une chance et enfin, de notre tolérance, qui lui a permis de dissimuler, combiner, tromper et, en définitive, tuer.
Pourtant, en dépit de tout, je reste persuadé que nous avons raison de persévérer dans la compréhension, dans l’écoute, dans l’échange, sans être ni dupes, ni cyniques, mais persuadés que c’est le seul chemin qui convienne à notre peuple, faute de quoi, il deviendrait vite comme ceux-là mêmes qu’il veut combattre.
En conclusion, si tant est qu’il peut y en avoir une à un tel drame, je voudrais dire combien je me sens, en ce moment, simplement fier d’être centriste, c’est-à-dire attaché à trouver les solutions qui rapprochent plutôt que les fulgurances idéologiques qui heurtent, plus résolu à comprendre les différences plutôt qu’à tenter d’en créer de superficielles, plus porté à analyser les subtils « pourquoi » qu’à asséner de violents « comment » !
Et pourtant, chirurgien de métier, je sais bien qu’en politique comme en chirurgie, il faut décider, c’est-à-dire choisir et s’appliquer, dès lors de toutes ses forces, à la réussite de ce qui a été entrepris, parfois en sacrifiant ici pour sauver l’essentiel là !
Merci de cette prise de position, qui est la seule capable nous permettant de réussir le Vivre ensemble auquel tout citoyen devrait consacrer ses efforts.