COMPTE RENDU DU FORUM EDUCATION DU 15 MARS 2017
L’enjeu de la question éducative passe de la massification à la démocratisation.
Au cours des trente dernières années, notre pays a en effet relevé de manière spectaculaire le défi de l’accès de tous à l’éducation et au savoir. Mais la question de l’école bute aujourd’hui sur le qualitatif. Il ne s’agit plus seulement de réussir l’exploit que chacun des douze millions d’élèves ait un enseignant face à lui chaque matin. Il s’agit que l’école pour tous soit aussi une école de la réussite pour tous. Or, nous n’y parvenons pas. Notre école est républicaine du point de vue de son accès mais pas du point de vue de son succès. Il faut mettre l’école au coeur de notre système éducatif. La dernière enquête PISA, réalisée par l’OCDE, est particulièrement éclairante : notre école est bonne, et encore, pour les plus forts, mais inadaptée pour conduire vers la réussite les élèves les plus en difficulté. Contrairement à d’autres pays, notre système ne parvient pas à conjuguer performance académique et cohésion sociale. Et, d’enquêtes PISA en enquêtes PISA, la situation s’aggrave :
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+33% d’élèves en grande difficulté en 10 ans, un niveau d’illettrisme de près de 10%, au total 254000 décrocheurs de l’enseignement scolaire et 150 000 jeunes sortis du système scolaire sans aucun diplôme. 15% des élèves qui entrent en sixième ne maîtrisent pas les savoirs fondamentaux : lire, écrire, compter. Ce résultat est d’autant plus préoccupant que notre dépense publique en matière d’éducation est une des plus élevées au monde et qu’elle n’a cessé de progresser au cours des dernières années. C’est bien la preuve qu’une addition de petites réformettes ne suffira pas à résoudre le problème. C’est aussi la preuve que la question des moyens, même si elle n’est pas à esquiver, n’est certainement pas la solution miracle. Non, il ne suffit pas de créer des postes nouveaux pour que tout aille mieux. Regardons ce qui fonctionne ailleurs comme en Finlande, premier pays du classement PISA.
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Le capital humain est essentiel à la création de valeur. Dans la société de l’intelligence, il est un actif central. La formation, qu’elle soit initiale ou professionnelle, doit permettre de produire les compétences nécessaires à une économie orientée vers le haut de gamme comme doit l’être celle de la France. Nous devons moderniser nos universités et leur donner les moyens de délivrer des formations de haut niveau préparant à l’emploi. Cela signifie donc d’abord augmenter ses moyens. La réforme de l’université doit aussi être complétée par une réforme en profondeur de la formation professionnelle. Nous proposons de créer, par négociation paritaire, un compte individuel de formation en le rendant inversement proportionnel au niveau d’études atteint avant l’entrée dans la vie active. Il faut également développer l’offre de formation continue en milieu universitaire, favoriser le développement des écoles et instituts débouchant sur l’insertion professionnelle et généraliser l’évaluation des débouchés des diplômes et des formations.De façon générale, il convient d’intensifier l’évaluation des besoins d’embauches par filières.
La conclusion du forum a fixé cinq objectifs :
– Donner la priorité, à l’école primaire,le triptyque suivant : lire, écrire, compter. Tout se joue dans les premières années du primaire. Le développement de l’école primaire doit s’inscrire dans un cadre
juridique rénové. La loi de 1982 a haché les compétences : les écoles primaires appartiennent aux communes, les collèges au département, les lycées aux régions et les universités à l’Etat. Il faut revoir cette répartition.
– Donner de l’autonomie aux établissements scolaires.
– Mieux enseigner les langues en donnant les moyens aux enseignants de cette discipline de donner beaucoup plus de cours à l’oral. L’enseignement écrit des langues écrase l’enseignement oral en France, ce qui explique en partie notre très faible niveau dans la pratique de l’anglais par exemple. Il faut aussi encourager et inciter tous les jeunes, étudiants ou apprentis, à faire un Erasmus ou un Service Volontaire Européen (SVE).
– Valoriser les voies professionnelles au même titre que l’enseignement général et faire de l’alternance une voie d’excellence.Aucune de ces voies ne doit être mieux vue ou moins bien perçue que l’autre. La voie professionnelle est une voie privilégiée d’accès des jeunes au marché du travail.Trois ans après leur sortie d’école, 83% des apprentis au niveau secondaire ont décroché un emploi.
– Repenser les rythmes scolaires et les Temps Additionnels Péri-scolaire. Donner plus de place au sport de la primaire au lycée car l’éducation nationale doit aussi se préoccuper de la condition physique de ses enfants.