Et si nous comparions… Entre deux politiques : mon choix

Bien sûr, mon choix est fait mais il ne me dispense pas de l’expliciter, le faire comprendre et, si possible, le partager. Pour moi, il ne s’agit pas seulement du choix entre deux personnes, certes important, mais aussi de deux visions profondément différentes des enjeux à définir, des politiques à conduire, des résultats à attendre.

Je vous propose, pour chaque jour de cette semaine, d’analyser sous forme de comparaisons les deux programmes et de vous dire quelles conséquences j’en attends.

Je souhaite que vous me fassiez part de vos remarques et propositions afin de poursuivre ce débat capital pour notre avenir commun. La France supporte encore les coûts des erreurs stratégiques de la retraite à 60 ans lorsque tous les autres pays retardaient l’âge du départ ou les 35 heures qui plombent aujourd’hui l’hôpital ou la fonction publique.

Chaque décision impactera l’avenir pour longtemps. On voit bien en Picardie, dans la Somme, comme à Amiens Métropole, combien impôts, dettes, clientélisme, nous conduisent, peu à peu sur les chemins du déclin, ou pire, d’un avenir étranglé.

Vous avez lu, dans la presse, beaucoup de comparaisons chiffrées des deux programmes. Toutes sont frappées de deux aléas forts :

  • La vie économique et sociale ne se budgète pas en simples recettes et dépenses. La façon de trouver des recettes et de les affecter à telles ou telles dépenses chahute tous les curseurs.
  • Personne ne peut prévoir le futur et, l’annoncer, rose ou sombre, bouleverse tout.
Je préfère vous livrer mon analyse stratégique des choix effectués par les candidats. Au delà des chiffres, mais sans les ignorer, elle vise à montrer les raisonnements, les idéologies qui sous-tendent les solutions proposées. Je traiterai aujourd’hui les causes de la crise.
  1. Comment chacun des candidats perçoit-il les causes de la crise ?

Pour François Hollande, deux coupables essentiels :

  • La finance internationale et nationale qui, par  ses errements, sa gloutonnerie, ses égoïsmes a perturbé le financement de l’économie en confondant la spéculation et les prêts normaux et souhaités aux entreprises.
  • La politique de Nicolas Sarkozy qui a endetté la France, fait exploser le chômage, et, en diminuant les aides publiques, ruiné la croissance et augmenté la pauvreté.

Pour Nicolas Sarkozy deux causes essentielles:

  • Le modèle économique français largement fondé sur la consommation financée largement par l’Etat aujourd’hui surendetté.
  • Le modèle social français qui affaiblit la compétitivité des entreprises avec pour conséquence la perte des marchés étrangers, le déficit commercial, la baisse des rentrées fiscales et, pour corollaire, la hausse des impôts, de la dépense publique et du déficit.

Mon choix :

  • Evidemment, la finance internationale a gravement dérapé mais n’est-ce pas l’endettement fou des Etats qui lui a donné l’essentiel de ses moyens? Ils étaient trop heureux de payer avec un crédit pas cher leurs promesses démagogiques ! La séparation, proposée par François Hollande, entre banque de dépôts qui travaillent essentiellement avec leurs clients et les banques d’affaires qui travaillent avec les marchés est une fausse bonne idée car les banques de dépôts, à qui serait interdit d’aller sur les marchés, auraient peu de moyens pour prêter à leurs clients. D’autres règles prudentielles protègent les dépôts avec plus d’efficacité.
  • La critique de la politique conduite par Nicolas Sarkozy montre, au-delà des polémiques politiciennes, les différences fondamentales d’approche de l’économie française dans l’économie mondiale. Pour François Hollande, seule une mauvaise gestion politique est la cause essentielle du problème. Pour Nicolas Sarkozy, c’est le modèle socio-économique qu’il faut repenser et corriger.
  • Pour le socialiste, augmenter les prélèvements et mieux les répartir permettrait de revenir à la croissance sans toucher au modèle français. Pour l’actuel Président, c’est l’inverse, parce que la perception des enjeux est fondamentalement différente.
  1. Comment chacun des candidats perçoit-il les enjeux pour la France?

Pour François Hollande, l’enjeu principal est de rassurer les Français sur un retour de la croissance sans changement fondamental. Il rassure ses clientèles, notamment d’agents publics, si malmenés par les réformes de tous les pays en crise, mais en vérité parle peu de la croissance. Son objectif principal est l’emploi mais faute de pouvoir en créer les conditions, il multiplie les aides publiques (Contrats de génération, emplois d’avenir, postes dans l’éducation, la police, la justice) qui seront, évidemment, autant d’impôts et de contraintes pour les entreprises et de charges à supporter par les consommateurs.

M. Hollande feint de ne pas savoir que toute fiscalité qui porte sur l’entreprise est répercutée sur son prix de vente et donc assumée par le consommateur.

Pour Nicolas Sarkozy, l’enjeu est de rendre la France à nouveau compétitive!

Pour être compétitif, il faut simplement produire moins cher ou mieux que ses concurrents.

Pour produire moins cher, trois postes doivent être diminués ;

  • la fiscalité (d’Etat et de collectivités) qui pèsent sur les prix de vente,
  • les cotisations sociales qui alourdissent spécifiquement la production en France,
  • l’environnement, juridique et réglementaire, qui complique et alourdit la vie de l’entreprise.

Pour produire mieux, il faut accroître la productivité par la recherche, l’innovation et, plus généralement, l’éducation et la formation.

  1. Les solutions sont-elles conformes aux enjeux de chacun ?

Pour François Hollande, la réforme de la fiscalité apportera plus de « justice », c’est-à-dire, que les plus riches paieront beaucoup plus et que les aides seront augmentées.

Pour Nicolas Sarkozy, l’enrichissement personnel est un des moteurs de l’Homme. L’affaiblir, c’est affaiblir le système entier, plus encore, si certains, dans le système, ne prennent aucun risque, protégés par un statut. Pour lui, on ne relancera la croissance que si des individus peuvent s’enrichir par leur effort, leur talent et leur prise de risque. De fait, aucun régime politique n’a réussi en combattant l’enrichissement personnel, aucun n’a survécu longtemps à de criantes inégalités.

C’est pourquoi, tout en comprenant le principe du bouclier fiscal, je ne l’ai pas voté. En revanche, je n’aurais pas créé l’ISF et j’aurais souhaité, comme le Nouveau Centre, sa suppression.

De cette perception totalement différente des enjeux pour la France, les deux candidats proposent des solutions très différentes pour tous les grands problèmes.

Je vous propose d’en poursuivre l’analyse tout au long de cette semaine !

2 réflexions sur « Et si nous comparions… Entre deux politiques : mon choix »

  1. M. Jardé,

    Votre réponse est très orientée moyen / long terme, or mon reproche à la droite est le manque de publicité d’une mesure du programme de NS qui selon moi est une vraie bonne idée, tant en terme de pouvoir d’achat que de relance économique intelligente à court terme.

    Ce qui pèse aujourd’hui le plus dans le pouvoir d’achat des français, c’est le logement (part du PA entre 30% et 40% selon les enquêtes).

    On aura beau encadrer les loyers (PS), ça ne les fera pas baisser, surtout à Paris, au pire on les stabilise. Alors qu’en ouvrant des possibilités sur 30% du parcs bloqués par les POS aujourd’hui pendant 3 ans, on permettra très vite:

    1. D’augmenter l’offre si ce n’est un numéraire, au moins en surface, et les prix s’adaptent mécaniquement ou au pire le standard monte (alors que l’encadrement stabilise les prix uniquement) –> je paye moins cher ce que j’ai ou bien j’ai plus grand pour le même prix

    2. De relancer la croissance rapidement (limite sur 3 ans) sans faire de grands travaux coûteux pour l’état: Et c’est lié, quand le BTP va, tout va, c’est le meilleur des indicateurs

    3. D’injecter dans l’économie réelle une partie des 11000 milliards d’économie des français qui dorment et qui sont inutiles.

    Je trouve que la droite n’a pas assez expliqué cette mesure, alors qu’à gauche, l’augmentation immédiate de l’ARS et la revalorisation du smic sont annoncée à chaque débat. Et de la même manière, elle n’apparaît pas dans vos solutions. Peut être dans les prochains articles ? 😉

    • La proposition de N Sarkozy est effectivement très intéressante mais elle dépend assez largement des communes qui ne verront pas d’un bon oeil ce droit d’extension du droit à construire rendu systématique partout.
      Je crains donc un blocage qui ne solutionne pas le problème. Je pense que ce sont les aides qui, très souvent, augmentent les prix de vente au profit du promoteur. Seule une offre massive fera baisser les prix.
      Bien cordialement
      Olivier Jardé

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