Au cours de ma vie universitaire parisienne, j’ai partagé un logement d’étudiants avec François Hollande et nous avons gardé une camaraderie bon enfant de cette époque.
Il ne faut pas compter sur moi pour le moquer car je l’ai toujours connu honnête et loyal et, si le souci d’éviter les conflits marque son caractère, il n’hésite pas à marquer ses différences et à faire valoir son point de vue.
En entendant ses émissions, je ne parvenais pas à comprendre comment un esprit aussi averti pouvait s’abîmer dans de telles propositions ! Comment a-t-il pu imaginer une fiscalité à un taux marginal de 75%, l’abandon programmée de la filière nucléaire, l’idée qu’il pourrait, en étant inconnu de tous les leaders européens, bouleverser les traités ou encore rétablir les comptes sans annoncer aucune réduction sérieuse des dépenses publiques ?
Sa stratégie ruine son projet ! Pour être élu, et de plus en plus, il doit donner des gages à sa gauche extrême en tentant désespérément, de ne pas perdre au centre ce qu’il va acquérir à gauche. Evidemment, le tout donne le spectacle d’annonces fortes aussitôt nuancées, de prises de positions fermes bientôt précisées, c’est-à-dire corrigées, et de faux pas comme sur le quotient familial ou, pire, la fiscalité de l’assurance-vie.
En négociant trop vite et trop mal avec les verts, il a aggravé son équation réussite. Il pensait que les verts seraient autour de 10% et Mélenchon à 5%. Voilà que Mélenchon est à 12% et Eva Joly à moins de 2% !
Ce que Martine Aubry a donné aux verts en un marchandage indigne (des places contre des centrales), Hollande ne peut le faire avec Mélenchon sauf à se passer de majorité PS à l’Assemblée nationale, c’est-à-dire, se mettre entre les mains de ses minorités et vivre une curieuse cohabitation interne en pleine crise internationale, où chaque déclaration intempestive aura des répercussions immédiates !
Le ralliement de Mélenchon, pour certain qu’il soit, devra bien être payé d’une manière ou d’une autre pour que les électeurs de l’un se retrouvent un peu dans le « programme commun ». Ce seront des places de députés ou des concessions sur le programme qui éloigneront un peu plus les électeurs de Bayrou, hostiles à Sarkozy.
En éteignant la télévision, je pensais à ces chemins de vie que l’on voudrait être des chemins de réussite et que les compromis successifs rendent abrupts, malaisés et parfois, dans l’impasse.
François Hollande, de toutes ses forces, souhaitait le pouvoir pour enfin AGIR et il se rend compte, dans cette difficile campagne, qu’en définitive, il n’agit que pour avoir le POUVOIR ! Trop souvent, les politiques doivent abandonner le désir de faire par nécessité, de se faire élire et les chemins à emprunter ne sont pas les mêmes : de Mendès France à de Gaulle, combien ont chuté, tant les efforts pour entreprendre passent moins bien dans les urnes que les démagogies qui enflamment.