Débat où la tension gênait l’attention car l’échange était techniquement complexe et politiquement tranché.
Politiquement complexe, car les sujets abordés et les solutions exposées méritaient mieux qu’une bataille de chiffres où ceux de l’un était immédiatement contestés par l’autre, sans qu’un « juge arbitre » tranche entre le vrai et le faux. Les moyens modernes le permettraient, sans doute, mais nous aurions la même problématique qu’au foot sur l’introduction de la vidéo dans l’arbitrage.
Sur le problème essentiel de l’emploi et du développement économique, j’ai été pleinement convaincu par Nicolas Sarkozy et j’ai trouvé François Hollande faible, obligé de répéter : « vous aviez dit que le chômage baisserait à 5%, vous avez échoué ».
Nicolas Sarkozy, lui, répondait avec évidence que la France avait fait moins mal que tous les autres pays d’Europe et que seule l’Allemagne faisait mieux, grâce à des reformes faites il y dix ans, que lui préconisait et qu’Hollande refusait.
La question de la dette ne pouvait pas tourner à l’avantage de François Hollande. Les dépenses de fonctionnement qu’il propose coûteront cher et alourdiront les charges des entreprises, donc leur compétitivité, avec les risques de fermeture ou de délocalisation.
Le débat sur l’Europe était plus complexe encore. Dire que l’Europe doit emprunter pour financer la relance, sans dire qui remboursera l’emprunt, est une aimable plaisanterie. Si la France doit, en plus de sa dette rembourser, à travers les fameux « euro bonds, » les dettes des autres, s’en est fait de sa notation par les Agences.
L’échange sur le nucléaire était surréaliste : à l’argument simple de Nicolas Sarkozy » je ferai ce que l’autorité de sureté nucléaire exigera », François Hollande ne reprenait pas les arguments des verts sur le danger mais tentait de minorer les coûts et dissimulait le pacte politique qui le liait.
L’opposition sur le droit de vote des étrangers n’abordait pas, selon moi, la seule vraie question : pourquoi un étranger qui réside en France depuis plus de 5 ans ne demande-t-il pas la nationalité française s’il veut s’intégrer ? Et s’il ne le veut pas, ce qui est son droit, pourquoi lui demander son avis sur un avenir collectif qu’il refuse?
Les, soi-disant, divergences sur le retrait d’Afghanistan n’existaient pas : François Hollande indique que, pour le matériel, il s’adaptera ( et comme on ne peut laisser du matériel sans hommes…) et Nicolas Sarkozy que nos troupes partiront, au plus tard fin 2013. Bon sens est mieux que politique en ce domaine.
Mais, par delà les échanges techniques, les choix politiques étaient clairs
François Hollande veut un référendum anti-Sarkozy et il analyse en permanence son bilan, en refusant de comparer avec ce qui s’est fait ailleurs en Europe, où des réformes courageuses ont été entreprises. Il note, et c’est normal, les erreurs, essentiellement de comportement, de son adversaire.
Lorsqu’il parle de ce qu’il fera, s’il est élu Président, je m’étonne du nombre de fois où il se dépeint en négatif: je ne serai pas le Premier Ministre, je ne réunirai pas les parlementaires de mon camp, je ne nommerai pas, je ne présiderai pas…on se demanderai presque, à quoi il va servir ?
Nicolas Sarkozy fonce, François Hollande veut se faufiler, l’un arbitre, bouscule, piétine parfois, l’autre concerte, concilie, cherche l’équilibre dans l’immobilisme, l’un est d’actions, d’initiatives, de mouvements, l’autre d’évitement, l’un cherche à vaincre l’autre la synthèse!
Hollande se voit en Maginot, Sarkozy en Leclerc !
Duquel a besoin la France qui vient ? Pour moi, c’est d’un capitaine d’assaut, je voterai Nicolas Sarkozy !