Le Trinôme académique est une instance de concertation et d’action, qui associe, à l’échelle régionale, trois entités distinctes : l’éducation nationale, la défense, à travers la zone de défense Nord et l’Institut des hautes études de la défense nationale(IHEDN), à travers l’association de ses auditeurs en Picardie. Son objectif est de promouvoir l’éducation à la défense et à la citoyenneté. Il participe au rappel de certaines valeurs citoyennes que les jeunes n’acquièrent plus depuis la suspension du service militaire. En effet, nul ne peut être citoyen d’un pays s’il n’est prêt à le défendre. L’Etat-nation démocratique implique que tous les citoyens participent au choix de leurs gouvernants et sanctionnent leur action par le suffrage universel. Le citoyen d’aujourd’hui se doit de connaitre les grands enjeux internationaux afin de comprendre les conditions de sécurité de son pays, dans un contexte mondial et européen en mutation permanente. Dans ce cadre, le choix du sujet de ce séminaire « Le Printemps arabe » est tout à fait d’actualité car, comme chacun le sait, les récentes révolutions et les rapides bouleversements et mutations du monde arabe constituent des enjeux géostratégiques majeurs pour l’occident.
Lorsque l’on observe la chronologie du « Printemps arabe », on est frappé par la vitesse avec laquelle s’enchaînent les événements. En effet, souvenons-nous, c’était il y a un peu plus d’un an, le 17 décembre 2010, en Tunisie, un jeune vendeur ambulant, Mohamed Bouazizi, s’immole par le feu, à Sidi Bouzid, pour protester contre la saisie de sa marchandise par la police. Une vague de contestation sans précédent en résulte et le 14 janvier 2011 le président Ben Ali, au pouvoir depuis 1987, s’enfuit vers l’Arabie Saoudite. Le 7 mars, un nouveau gouvernement provisoire est formé.
Le 25 janvier 2011, en Egypte, se déroule la première manifestation sur la place Tahrir et le président Moubarak quitte le pouvoir le 11 février 2011. Tous les événements en Orient s’enchainent à grande vitesse, rappelons-nous également, l’intervention de l’OTAN en Lybie, sous mandat des Nations Unies depuis le 27 mars 2011. Les premières émeutes ont éclaté à Benghazi le 15 février. Le 23 août 2011, le quartier général du colonel Kadhafi tombe aux mains des rebelles et Kadhafi meurt le 20 octobre 2011.
Mais attention, selon les différents pays arabes, l’analyse devra être très nuancée, en effet, les manifestations qui ont eu lieu au Maroc ou en Algérie, n’ont pas conduit à un changement de régime, mais juste à un certain nombre de réformes. Et n’oublions pas que des mouvements révolutionnaires, à l’issue encore très incertaine, sont toujours d’actualité, comme au Yémen ou en Syrie. Un véritable « effet domino » que l’on a souvent rencontré, au cours de l’histoire dans la chute des différents régimes, et notamment en référence au « Printemps des peuples » de 1848. Un événement avec lequel on peut noter quelques analogies mais bien sûr, aussi, d’énormes dissemblances comme, notamment, la condition du monde arabe où il existe un véritable fossé entre une élite intellectuelle qui a accès au savoir et une large partie de la population qui se voit refuser tout accès à l’instruction. Une grande question se pose alors, l’une des conséquences majeures induites du « Printemps arabe », en termes de développement et de démocratie, ne serait-elle pas l’accès au savoir pour tous ?
Ce qui est malheureux,c’est que le monde arabe est souvent le théâtre de guerres et de conflits, c’est à croire que c’est une malédiction! Il serait plus sage d’attendre encore avant d’analyser et d’interpréter « les Révolutions arabes » et d’en tirer les conclusions.Peux-être commencer par aborder les différents aspects de ses révoltes et se poser quelques questions:
S’interroger sur la spécifité des situations nationales:l’intransigeance du régime Syrien et ses conséquences sur les droits de l’homme,l’Egypte:pays hautement stratégique pour de multiples raisons;sa situation géopolitique et géographique ,son rôle dans le leadership du monde arabe;les pays du golfe et l’Iran; la démocratie dans le monde arabe:accepter le fait que la démocratie contemporaine est celle du multiculturalisme, des droits des minorités et de la liberté de culte.Les réformes: faciliter le retour des élites arabes,un point d’entrée pour les réformes…Le rôle des médias,des mouvements religieux,laîcs et islamistes, le face-à-face?Le rôle des acteurs internationaux:les enjeux économiques et financiers « qui tient le pétrole tient l’économie » les révoltes arabes sont-elles le fruit d’une évolution normale des choses ou, au contraire, le fruit d’une manipulation à une échelle planétaire?guerre froide entre la Russie et l’occident?
Les complexités locales:conflits confessionnels, tribalisme,nationalisme,développement des groupes radicaux; comment les contestations sont-elles devenues possibles?où va-t- on?vers une atomisation communautaire ou bien vers une logique de citoyenneté??