Cher monsieur,
C’est avec le plus grand plaisir que j’ai pris connaissance de votre courrier en date du 12 Janvier car chacun de mes écrits vise ce dialogue toujours plein d’intérêts avec mes concitoyens. Je vous en remercie donc en espérant qu’il se poursuivra et s’étendra à d’autres lecteurs.
Les niches fiscales sur les aides à domicile
Vous avez tout compris de la subtilité des politiques de « niches fiscales » que j’ai voulu aborder. Les niches sont un des instruments des politiques locales ou gouvernementales. Par elles, les pouvoirs publics incitent et favorisent tels ou tels comportements, telles ou telles activités. Pour éviter les complications de mise en œuvre puis de vérification et éventuellement de sanctions, nous évitons les applications trop ciblées.
De ce fait, la loi peut avoir des effets inappropriés, voire injustes. Comme vous le soulignez il conviendra de veiller à ce que la suppression de cette incitation à embaucher des aides ne frappe pas les plus modestes. La difficulté est dans la définition précise de cette limitation. La loi vise surtout à créer de l’emploi en freinant le travail au noir. Mettre une limite de revenus aboutira vite à faire revenir le travail au noir, les contrôles et les sanctions qui vont avec et en prime, des rentrées moindres pour la sécurité sociale. Difficile.
La formation des maîtres
Vous pensez, et je partage pleinement votre analyse, que la qualité de l’école publique est essentielle. Dans le même temps vous avez constaté, comme moi, que les évaluations internationales nous classent dans une accablante médiocrité.
Vous regrettez le manque de formation des maîtres « privés de toute formation initiale, et formés désormais sur le tas ».
Que pouvons-nous constater ?
- Ni vous, dont la superbe écriture montre la qualité de votre enseignement primaire, ni moi, ni presque personne de ma génération n’a eu des maîtres formés autrement que « sur le tas ».
Qui peut prétendre qu’ils étaient moins efficaces qu’aujourd’hui? Qui ne souhaiterait revenir à cette école, que beaucoup dans le monde, nous enviait. Ces maîtres, après un passage dans les écoles normales faisaient des stages car il n’est, en ce domaine, de formations valables que les formations face aux élèves.
- Chirurgien et professeur de médecine je sais bien qu’aucun enseignement ne peut remplacer les premières incisions du bistouri contrôlées par un professeur. De même, je crois bonnes les dispositions prises qui, après une formation théorique longue, le futur enseignant est mis devant une classe avec un professeur tuteur qui évalue, corrige et guide.
- Que disent les textes : Le Président de la République a décidé de rénover la formation des maîtres par une reconnaissance universitaire de niveau Master et une rémunération de début de carrière correspondant à ce niveau de qualification plus élevé. La formation des enseignants comprendra désormais un volet à caractère professionnalisant offrant aux étudiants une première connaissance concrète du métier avant de passer les concours.
Des stages en responsabilité sont proposés aux candidats admissibles ou non. D’une durée maximale de 108 heures, ces stages donneront lieu à une gratification. Un étudiant effectuant un stage d’une centaine d’heures se verra ainsi indemnisé à hauteur de 3000 euros environ.
Dans les écoles, les stagiaires feront classe jusqu’à la Toussaint «en présence d’enseignants expérimentés» qui assureront leur compagnonnage. L’affectation se fera donc en surnombre dans une école. Après cette période «intensive», on devra leur proposer des remplacements longs, dans des écoles disposant de maîtres expérimentés
A mon sens il manque trois éléments à ces réformes pour être efficaces :
- D’abord, l’autonomie des écoles regroupées en « établissement publics éducatifs » qui permettra de différencier les programmes et les méthodes en fonction des publics. Les parents choisiront librement les objectifs et les méthodes qui leur semblent convenir à leur enfant.
- Repenser le temps de présence des maîtres dans l’école car rien ne justifie que les vacances des enfants soient aussi celles des maîtres. Mais cela suppose que les écoles offrent bureau et secrétariat à des enseignants reconnus et rémunérés.
- Introduire massivement dans l’Ecole et hors l’école les nouvelles technologies éducatives nées avec Internet et généralisées ailleurs.
Je pense que ce débat se poursuivra car il est essentiel. Je vous remercie à nouveau de m’avoir permis d’ébaucher une réponse et d’engager un dialogue sur un des sujets les plus importants à mes yeux pour la réussite de notre pays
Restant à votre disposition, je vous prie d’agréer, Cher Monsieur, l’expression de mes sentiments dévoués.
Olivier JARDÉ
Pour lire le courrier que m’a adressé M.L qui traite de l’éducation, cliquez ici :