Suite à la grève des internes concernant la démographie médicale, j’ai interpellé Roselyne BACHELOT, Ministre de la Santé et de la Jeunesse et des Sports afin de connaître les mesures qu’elle comptait prendre à ce sujet.
M. Olivier Jardé – Je voudrais associer à ma question mes collègues Jean-Luc Préel et Claude Leteurtre. La santé est un bien très précieux pour nos concitoyens. Or, notre système de soins souffre de deux maux : une inégale répartition des médecins sur le territoire, mais aussi l’absence de permanence des soins. Ainsi, dans la Somme, quatre cantons sont dépourvus de médecins, ce qui contraint les patients à se rendre aux urgences, dont ce n’est pas la mission.
Refusant l’installation autoritaire, les internes sont aujourd’hui en grève. À titre personnel, il me semble bon de privilégier les incitations, car elles ont déjà produit des résultats positifs, qu’il s’agisse des bourses d’études, des aides à l’installation ou des maisons médicales, dont le succès est réel. Pourquoi ne pas aller jusqu’à moduler les honoraires, dans un sens ou dans l’autre ?
Ma question est simple, Madame la ministre de la santé : que comptez-vous entreprendre contre l’inégale répartition des médecins sur notre territoire ?
Mme Roselyne Bachelot, ministre de la santé, de la jeunesse et des sports – Comme je l’ai indiqué hier après-midi, la démographie médicale fait problème. Vous avez très justement souligné les difficultés qui affectent la Somme ; elles frappent tout autant les zones urbaines que rurales. Face à cela, il faut comprendre et agir.
Il faut comprendre le désarroi des jeunes internes, qui pâtissent des mutations profondes de l’exercice médical. Ceux qui terminent aujourd’hui leurs études appartiennent à une génération où le « numerus clausus » était particulièrement bas : moins de 4 000 étudiants admis à la fin de la première année, contre 7 100 aujourd’hui. Ils ont également le désir légitime de concilier vie professionnelle et vie personnelle, d’autant que la population concernée s’est largement féminisée.
Face à cela, il faut réaffirmer certains principes : nous sommes attachés à la liberté d’installation et il n’est pas question de la remettre en cause. Le projet de loi de financement de la sécurité sociale sera l’occasion d’ouvrir une négociation conventionnelle, à laquelle je souhaite associer les jeunes médecins, jeunes internes et chefs de clinique, car nous avons trop longtemps décidé de leur avenir sans les consulter.
Enfin, et j’en prends l’engagement devant vous, aucune mesure coercitive ne sera prise.