Pour un Tweet, dont on ne sait s’il faut rire ou pleurer tant il est vaudevillesque dans ses motivations et effarant dans ses effets politiques, toute la médiasphère s’enflamme et annonce la fin de l’état de grâce, l’effondrement de la Présidence « normale », le signe irréfragable d’un Président mou dominé par sa compagne à poigne.
J’ai l’impression un peu pénible que tous attendaient cet écart pour enfin se sentir libéré des flagorneries d’après élection, comme si selon la formule de jack Lang « nous étions passés de l’aube à la lumière ».
A vrai dire, me paraissait infiniment plus graves quelques décisions qui me semblaient mal venues et compromettaient déjà l’avenir du pays.
- Se fâcher d’emblée avec Angela Merckel, sous prétexte de montrer ses faibles muscles n’est pas un gage d’efficacité pour résoudre la crise européenne, et notre propre situation économique et financière ne nous permet pas de donner des leçons. Nous voilà à la tête des pays en crise, prêts à soutenir tout le monde mais totalement impécunieux pour le faire avec pour seule solution de demander à l’Allemagne une solidarité que nous ne voudrions pas gager sur nos propres efforts.
- Annoncer à nos alliés de l’Otan que la France ne tiendrait pas ses engagements en Afghanistan en les laissant plantés, alors qu’ils nous demandaient avec bon sens que nous partions tous ensemble. Que se passera-t-il demain lorsque nous aurons besoin d’eux pour une intervention en Afrique?
Le comble est le mode opératoire choisi pour partir. Personne ne s’en est étonné et je ne suis pas spécialiste de ces problèmes mais, même après réflexion, je ne parviens pas à comprendre pourquoi nous évacuons d’abord les forces combattantes ? Qui va protéger les autres ? C’est un peu comme si lors de l’évacuation d’un navire on évacuait d’abord l’équipage en laissant les passagers se débrouiller en appelant les secours ! Qui en effet assurera la protection des effectifs et de la logistique restants ? La police afghane ? Les troupes alliées qui devront, non seulement, nous suppléer mais encore nous protéger ? Evidemment, la logique commandait l’inverse mais il fallait alors renoncer à l’annonce politique du départ puisque les non combattants étaient indispensables plus longtemps pour achever leur mission.
- L’annonce d’un décret sur le retour à la retraite à 60 ans pour les carrières longues dont le financement va de suite amputer la compétitivité des entreprises et le pouvoir d’achat des ménages puisque financé par une hausse des cotisations sociales qui devrait rapporter 5 milliards d’euros
Le comble, comme le souligne le Canard enchaîné du 13 juin, est que le décret d’application, ne sera pris que le 1er Novembre 2012, car « il y a un délai d’instruction nécessaire à la mise en coordination avec les retraites complémentaires », a expliqué Marisol Touraine. Evidemment puisque le coût de cette mesure pour les retraites complémentaires n’a été, ni mesuré, ni pris en compte. Qui va payer et combien ? Il est plus facile de faire les annonces que de les mettre en œuvre !
Mais l’annonce pré-électorale était indispensable.
Le démantèlement des réformes judiciaires visant à mieux sanctionner les crimes violents en associant les citoyens à la décision judicaire (tribunaux correctionnels) vont à nouveau enfermer la justice dans sa techno structure en créant un fossé de plus en plus large entre le peuple et la justice.
Peut-être que, libéré par ce Tweet inconvenant, la presse commencera-t-elle enfin à examiner les conséquences des mesures prises pour l’avenir du pays et pas pour leur apparence « sympa ».