Etrange idée que celle d’un referendum sur l’indemnisation du chômage. Et s’il s’agissait de la plus démocratique des armes de dissuasion?
Je vous parlais dans mon précédent article traitant du referendum annoncé sur la simplification des procédures de reconduites aux frontières des étrangers en situation irrégulière. Je vais traiter maintenant du référendum sur le chômage.
Tel qu’il est présenté, il cumule tous les inconvénients et le monde politique se déchaîne à l’envie contre cette initiative. Pourtant, le Président de la République n’est pas inconscient et sait très bien l’accueil qui sera fait à cette proposition surprenante.
Alors?
Mon explication est la suivante :
Pendant 5 ans, quels que soient les sujets abordés, les concessions faites, les précautions prises, toutes les réformes entreprises ont suscités des manifestations fortes, des blocages et un déferlement de violences verbales de la part de l’opposition.
La réforme des régimes spéciaux, la réforme de la carte judiciaire, la réforme de l’Université, la réforme constitutionnelle pour donner plus de pouvoirs au Parlement et au citoyen (saisine directe du Conseil Constitutionnel), la réforme des retraites, la réforme des collectivités territoriales, la réforme de la garde à vue… toutes ont donné lieu à des affrontements qui ont parfois paralysé le pays.
En France, le dialogue apaisé est très difficile. L’essentiel du programme de François Hollande consiste à promettre, de TOUT remettre en cause, même les traités internationaux ! Il sait très bien qu’il ne fera rien de tout cela, et même, qu’il sera trop heureux de voir le travail de réformes bien engagé, mais c’est ainsi…
Dès lors, que faire lorsque des réformes indispensables nous attendent. Elles toucheront nécessairement nos modes de vie ?
Je pense que, pour tourner ce blocage aussi rituel que coûteux, le Président joue le tout pour le tout : il place l’élection présidentielle comme arbitre suprême des choix nationaux, autrement dit « en votant pour moi vous acceptez que j’aille jusqu’au référendum pour refonder la solidarité en évitant tous les désordres habituels. «
Il fait de l’élection présidentielle un premier « référendum » sur ce problème clé des droits et devoirs de chacun face à la solidarité. Il perdra l’élection présidentielle si les Français refusent à la fois l’objet du référendum et la voie choisie.
Au contraire, s’il est élu, il fait savoir à tous que les manifestations qui bloquent le pays ne serviront à rien puisque les Français, en quelque sorte par avance, ont validé l’objet du référendum.
Il viendra après négociations, il contraint au débat mais exclut les blocages.